Hérault : un géant de l'eau embouteillée devrait s'installer à Montagnac

Depuis plusieurs semaines, la colère gronde aux alentours de Montagnac, alors que le groupe Sources Alma projette d'installer une usine d'embouteillage.

L'usine d'embouteillage devrait s'installer à proximité de vignes.
L’usine d’embouteillage devrait s’installer à proximité de vignes. (©Jacqueline Macou/PixaBay)
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Depuis plusieurs semaines, la colère gronde aux alentours de Montagnac, alors que le groupe Sources Alma projette d’installer une usine d’embouteillage.

La décision fait grand bruit dans les ruelles de Montagnac, près de Pézenas, dans l’Hérault : le groupe Sources Alma devrait prochainement s’installer dans la commune de 4 000 habitants, après avoir acheté plusieurs parcelles. La municipalité a récemment accepté de céder au groupe un terrain, afin d’y rénover entièrement un forage de 1 500m de profondeur, financé il y a 30 ans par l’Europe, et une usine d’embouteillage de 15 000m².

En 2018, la commune de Montagnac a racheté quatre parcelles, dont celle du forage. Depuis, la ville se tenait à l’écoute de projets de reprise. Elle s’est alors tournée vers l’option du groupe Sources Alma.

En acceptant de vendre le terrain au géant de l’eau embouteillée, la mairie donne notamment l’argument de la création d’emplois au local. « Ces genres de postes existent déjà non loin d’ici, et ils ne sont pas pourvus. A quoi bon en créer d’autres ? » s’interroge Christophe Savary, riverain et président de l’association Veille Eau Grain.

L’un des autres arguments avancés par la mairie pour justifier la vente à un groupe important : le coût de 300 000€ pour sécuriser et rénover le forage actuellement en place. « Je pense que c’est un prétexte. On aurait pu faire en sorte que le département, la région et l’agglomération prennent ce coût en charge », explique le président de Veille Eau Grain.

Des démarches administratives longues

À ce jour, le droit à l’exploitation de l’eau du forage est devenu caduc en même temps que le décès des anciens propriétaires du terrain. Alors les démarches sont longues pour récupérer ce droit.

« On a créé cette association parce qu’on espère casser la vente d’une manière ou d’une autre, assure Christophe Savary. On s’oppose pour dire que cette eau doit être gardée. Elle pourrait servir à plusieurs villages, c’est une quantité colossale. Les forages actuels ne sont pas tous utilisés parce qu’il y avait des entrées d’eau saline, alors pour le futur, il faut le garder à notre disposition ».

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A l’heure actuelle, le vallon où se situe le terrain racheté comporte 27 foyers. Aucun d’eux n’a l’eau potable. « Nous devons tous acheter de l’eau minérale. On est déjà dans une situation du futur, qui pourrait concerner les gens bien au-delà de Montagnac dans les années à venir », souffle Christophe Savary. L’entreprise d’embouteillage estime que 80 semi-remorques feront des allers-retours chaque jour, de l’usine jusqu’aux dépôts en passant sur la départementale RD613, à Mèze notamment. « On aimerait aussi être aidés par Mèze qu’on a contacté à ce sujet. Ils sont aussi concernés, leurs routes aussi seront engorgées », précise Christophe Savary.

Étude d’impact

De son côté, le groupe Sources Alma a lancé une étude d’impact environnemental pour la reprise ou non de l’exploitation de ce forage. « Cette étude devrait durer 18 mois et nous amener en janvier 2025. Son résultat conditionnera notre demande d’exploitation », précise le groupe, avant d’insister sur le fait que « le forage, qui abrite un ancien gîte géothermique, n’était pas exploité avant notre arrivée ». Si le projet aboutit, il impliquerait une artificialisation des sols afin d’installer une usine d’embouteillage de 15 000m².

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« La course au rendement tue les sols, c’est terrible pour les vignes »

Une mauvaise nouvelle pour Xavier Plegades, caviste et sommelier à Baillargues. « Il faut laisser reposer les sols. La course au rendement tue les sols, c’est une catastrophe de couler du béton dès qu’on peut, se plaint-il. Tout va devenir imperméable ». Le caviste estime que l’installation d’une usine chamboulerait l’équilibre de la faune et de la flore du vallon. « La température au sol va exploser, l’eau ne s’infiltrera plus, c’est catastrophique pour les vignes à côté », juge-t-il.

Dans le vallon concerné poussent des vignes de l’AOP Picpoul de Pinet. Xavier Plegades déplore que, « tout cela est mis en péril. Un vignoble qui a une usine à proximité, écologiquement et visuellement, c’est terrible. Les vignerons auront du mal à parler d’agriculture bio en faisant du vin à quelques mètres d’une usine d’embouteillage plastique. Il y a une urgence sur le climat, je ne comprends pas qu’on n’arrête pas tout ça ».

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