C’est un corps de ferme à l’abandon, au bout d’une étroite route en rampe douce, bordée par un bosquet ratiboisé et de vastes parcelles d’un vert vif où ne mugit plus aucune vache. Là, à 720 mètres d’altitude, au cœur de la Montagne noire occitane, le gravier craque dans le silence. Les lianes dégoulinent de la toiture. Sur les portes en bois, un tag : «Accueil ZAD, frappez SVP». ZAD zombie ou ZAD en germe ? L’inscription à la bombe date, paraît-il, de la mobilisation autour du barrage de Sivens, une décennie plus tôt, dans le département voisin du Tarn. Dans la torpeur trompeuse des lieux, elle rappelle au visiteur l’existence d’une autre lutte locale, qui, depuis presque quinze ans, met les nerfs de Fontiers-Cabardès, village audois de 500 habitants, à vif : l’opposition à un titanesque projet immobilier de «golf de niveau international», retardé mais jamais avorté, estimé à 170 millions d’euros.
Alors que la sécheresse crevasse les terres chaque année plus tôt, les golfs, si gourmands en eau (un 18 trous engloutit en moyenne la consommation d’une commune de 700 habitants), deviennent des chiffons rouges à l’heure des restrictions estivales. De quoi donner une ampleur emblématique à l’affaire, récemment relancée et loin d’être un cas unique. Et transfor