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Giles jaunes

Cagnotte de soutien à l'ex-boxeur Dettinger : la justice donne raison à Leetchi

Christophe Dettinger, gilet jaune dont les coups de poing aux forces de l'ordre avaient été vus par des millions de personnes, réclamait à la plateforme plus de 3 millions d'euros de dommages et intérêts pour avoir fermé une cagnotte qui le soutenait.
par Julien Lecot, avec AFP
publié le 6 janvier 2021 à 18h34

Au tapis. Après des mois de rebondissements judiciaires, le tribunal a annulé la cagnotte Leetchi ouverte en soutien à Christophe Dettinger, l'ex-boxeur gilet jaune. Les 145 000 euros de dons qui avaient été récoltés en moins de deux jours retourneront aux contributeurs. Il ne touchera pas non plus les quelque 3 millions d'euros qu'il réclamait au titre des dommages et intérêts, un montant qu'il affirmait lui être dû si la cagnotte était restée ouverte quarante-cinq jours, comme l'imposent les règles de Leetchi.

Un long processus judiciaire

Pour comprendre cette affaire, il faut retourner deux ans en arrière. Le 5 janvier 2019, lors de l'acte VIII du mouvement des gilets jaunes, 50 000 personnes (chiffres du gouvernement) descendent dans la rue un peu partout en France. A Paris, quelques affrontements avec la police éclatent, notamment sur la passerelle Léopold-Sedar-Senghor, aux abords de l'Assemblée nationale. Voyant des gendarmes gazer des manifestants, un homme à la carrure imposante se jette dans la foule et repousse les forces de l'ordre à coups de poing : c'est Christophe Dettinger, un ancien boxeur professionnel.

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Filmée, la scène est visualisée plusieurs millions de fois sur les réseaux sociaux, faisant réagir jusqu'au ministre de l'Intérieur de l'époque, Christophe Castaner. Dettinger décide finalement de se rendre de lui-même à la police deux jours plus tard. Pendant ce temps, pour le soutenir, une cagnotte a été ouverte sur le site Leetchi par l'un de ses proches. L'affaire faisant parler, le montant s'envole vite, atteignant en l'espace de 48 heures plus de 145 000 euros. Face au tollé provoqué, la plateforme décide finalement de la fermer, invoquant un non-respect de ses conditions générales d'utilisation qui «proscrivent toute incitation à la haine ou à la violence», et que cette levée de fonds ne devrait servir qu'à «financer les frais de justice». De plus, un doute sur le bénéficiaire de la cagnotte pose, selon l'opérateur, problème.

Troisième revers consécutif pour Dettinger

Christophe Dettinger – entre-temps condamné à un an de prison et dix-huit mois de sursis avec mise à l'épreuve – attaque Leetchi avec son avocate pour récupérer le montant qu'il estime lui être dû, ainsi que 3 millions d'euros de dommages et intérêts. En juin 2019, le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris déboute la demande du boxeur qui voulait qu'une partie de la cagnotte soit débloquée, renvoyant le dossier sur le fond. Un second revers suivra, six mois plus tard, quand le tribunal judiciaire de Paris ordonnera la réouverture des débats sur une possible atteinte à l'ordre public que la cagnotte porterait.

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Dans la décision rendue ce mercredi, deux ans jour pour jour après l'ouverture de ladite cagnotte, c'est justement pour ce motif d'atteinte à l'ordre public que le tribunal a prononcé la nullité du contrat conclu avec la société Leetchi. Dans un communiqué, le tribunal explique que «la cagnotte a eu, initialement, pour but de soutenir un combat consistant en l'usage de la violence physique contre les forces de l'ordre» et que, «par son projet large», elle avait également pour but de «compenser les condamnations susceptibles d'intervenir à l'avenir».

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