Mort de Nahel : une cagnotte lancée en soutien à la famille du policier recueille plus d'un million d'euros

La cagnotte en ligne lancée pour récolter des fonds en soutien à la famille du policier auteur du coup de feu mortel sur Nahel a dépassé un million d'euros ce lundi en début d'après-midi. Le polémiste d'extrême droite Jean Messiha a annoncé sur Twitter être à l'origine de cette cagnotte pour soutenir la famille de l'agent qui a, selon lui, "fait son travail et paie aujourd'hui le prix fort".

ⓘ Publicité

Il avait initialement lancé une cagnotte sur la plateforme Leetchi vendredi. Mais sur Twitter, Jean Messiha indiquait vendredi que sa cagnotte a été "suspendue au bout de 20 minutes alors qu'elle atteignait près de 5.000 euros". Sur le site internet de Leetchi, la cagnotte est indiquée comme étant en cours de vérification.

Des voix s'élèvent pour suspendre la cagnotte

L'éditorialiste de CNews précise en effet sur Twitter que la plateforme lui demandait de fournir notamment "le document d'identité en cours de validité de l'épouse du policier". Le polémiste d'extrême droite a donc lancé vendredi une autre cagnotte, cette fois sur la plateforme américaine Gofundme. Celle-ci recueille ce lundi après-midi plus d'un million d'euros. 42.692 personnes y ont participé avec des dons allant de 5 euros à 3.000 euros.

Plusieurs voix s'élèvent depuis ce week-end pour réclamer sa suspension, notamment Sleeping Giants France. Ce collectif de lutte contre le financement des discours de haine interpelle sur Twitter la plateforme pour lui demander de vérifier si la cagnotte lancée par Jean Messiha est conforme aux conditions d'utilisation du site. "Sa simple existence enflamme le sentiment d'injustice et attise les tensions", lance le collectif sur Twitter. Il appelle également Gofundme à vérifier que les sommes récoltées ne servent pas à payer les frais juridiques du policier en cause.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Gofundme a assuré que la cagnotte était "conforme" à ses règles car les fonds "seront versés directement à la famille en question. La famille a été ajoutée comme bénéficiaire et donc les fonds leur seront directement versés".

Indignation de responsables politiques à gauche

Depuis le lancement de cette cagnotte, la polémique ne cesse d'enfler. De nombreuses personnalités, notamment à gauche, réclament sa suspension. Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, dénonce une "ignominie" lancée par un "pitre d'extrême droite". Thomas Portes, député La France Insoumise, accuse la plateforme d'être "complice de rémunération d'un tueur".

Olivier Faure, patron du PS, lui aussi réclame la fermeture de la cagnotte. "Vous entretenez une fracture déjà béante en participant au soutien d'un policier mis en examen pour homicide volontaire. Clôturez !". Eric Bothorel, député Renaissance, accuse Jean Messiha de "souffler sur les braises" avec cette initiative "indécente et scandaleuse".

En revanche, Eric Ciotti a dit comprendre la démarche. "Que l'on soutienne la famille d'un policier qui est aussi dans une épreuve aujourd'hui, ça ne me paraît pas choquant", a déclaré le président des Républicains.

Le fait que la cagnotte a été lancée "par une personne proche de l'extrême droite" ne "contribue pas" à "l'apaisement", a simplement jugé Elisabeth Borne lundi soir. "Le fait qu'effectivement ce soit une personne proche de l'extrême droite qui a lancé cette cagnotte ne contribue pas sans doute à apporter l'apaisement", a déclaré la Première ministre à la sortie d'une réunion avec l'ensemble des groupes politiques pour échanger sur ce drame et les émeutes qui ont suivi. Elle a ajouté que ce serait à la justice de prononcer "le cas échéant" sur la légalité de cette cagnotte.

Une autre cagnotte lancée pour soutenir la mère de Nahel

De son côté, la cagnotte lancée pour soutenir la mère de Nahel recueille 193.896 euros. 9.802 personnes y ont participé.

En janvier 2019, la plateforme Leetchi avait décidé de suspendre la cagnotte en soutien à Christophe Dettinger, un boxeur filmé en train de rouer de coups des CRS pendant une manifestation de Gilets jaunes. A l'époque, la plateforme française avant invoqué le non-respect de ses conditions générales d'utilisation.