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Pourquoi l’Alberta n’a-t-elle pas signalé les rejets toxiques du gisement de Kearl?

Une vue globale de la mine de Kearl Lake.

La mine de Kearl Lake, exploitée par Imperial Oil, a connu deux fuites dans les bassins de résidus au cours des neuf derniers mois. Bien que l’entreprise affirme qu’aucune toxine n’a atteint les cours d’eau, les critiques affirment que l’entreprise et le gouvernement avaient l’obligation d’informer les communautés voisines et les Territoires du Nord-Ouest en aval.

Photo : Alberta Innovates

Radio-Canada

Un avocat soutient que l'organisme de réglementation de l'énergie en Alberta a fait fi de la loi provinciale en ne divulguant pas publiquement que les résidus de décantation de sables bitumineux s'échappaient du bassin et s'infiltraient dans les eaux souterraines près du gisement Kearl, au nord de Fort McMurray.

Drew Yewchuk, de la Clinique juridique pour l'intérêt public à l'Université de Calgary, demande au commissaire à l'information de la province d'enquêter sur les raisons qui ont poussé la Régie de l'énergie de l'Alberta à ne pas divulguer d'information sur la fuite à la mine Kearl, de la pétrolière Impériale, malgré les directives de la loi provinciale.

L'Impériale avait signalé à la régie, en mai dernier, qu'elle avait trouvé des boues brunes à l'extérieur des limites de l'un de ses bassins de résidus de Kearl. Au cours de l'été et de l'automne suivants, les enquêteurs de la régie ont déterminé que cette fuite provenait du bassin de décantation et contenait des niveaux de plusieurs contaminants toxiques dépassant les normes environnementales.

Les communautés autochtones de la région avaient été informées de la découverte initiale de boues. Cependant, ni elles ni le public n’ont reçu d’autres informations avant le 6 février dernier, lorsque l’organisme de réglementation a publié une ordonnance de protection de l’environnement après un deuxième rejet de résidus de l’Impériale, soit 5,3 millions de litres d'eaux usées qui se sont échappés d'un bassin de captage.

Dew Yewchuk souligne les articles de la loi provinciale sur l'accès à l'information et la protection de la vie privée, qui stipulent que tout organisme public est tenu d'informer sans délai la population de tout risque de préjudice important à l'environnement ou à la santé. Cette disposition a pour but de passer outre à toutes les exceptions de la loi à la divulgation obligatoire, y compris le risque de préjudice financier pour un tiers.

Aucune menace, dit l'Impériale

L’Impériale affirme que les rejets ont été contenus et ne représentaient aucune menace pour l’eau ou la faune.

Une surveillance approfondie et continue de l’eau a confirmé que les infiltrations n’ont pas pénétré dans les cours d’eau locaux, a déclaré la pétrolière dans un communiqué lundi.

Il n’y a eu aucun impact sur les sources locales d’eau potable. Il n’y a aucune indication d’impact sur la faune.

L’ordonnance de protection de l’environnement du 6 février 2023 indiquait qu'une analyse de la première fuite d’eaux usées, effectuée en août 2022, avait révélé des niveaux de fer, d’arsenic, d’hydrocarbures, de sulfates et de sulfures dépassant les lignes directrices provinciales.

La communauté autochtone d'Athabasca Chipewyan, en aval du déversement, a photographié des traces d'orignaux pénétrant dans la zone touchée.

La semaine dernière, la Municipalité régionale de Wood Buffalo a cessé de puiser de l’eau potable dans le lac Athabasca par mesure de précaution en réponse aux préoccupations concernant les déversements.

La Première Nation Athabasca Chipewyan, ainsi que les Cris Mikisew et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, ont exprimé leur colère et leur frustration quant à la façon dont ils ont été informés des rejets.

La première ministre se défend

La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a déclaré lundi qu'il était malheureux qu'aucun de ces ordres de gouvernement n'ait été informé. Elle a dit avoir demandé à l'organisme de réglementation de l'énergie en Alberta et aux compagnies pétrolières de faire preuve de transparence.

S’ils avaient été radicalement transparents dès le début, cela aurait pu se passer autrement, a déclaré Danielle Smith lors d’une conférence de presse.

Mais elle a soutenu qu'il n'y avait jamais eu de menace environnementale et que le ministère albertain de l'Environnement avait déclaré qu'aucun des résidus n'avait pénétré dans les affluents.

Danielle Smith dit que la régie et l'Impériale partageaient certes la responsabilité d'informer la population, mais que cette responsabilité incombait surtout à l'entreprise. Elle qualifie de faux pas ce manquement.

La chef de l’opposition néo-démocrate, Rachel Notley, a qualifié de tout à fait irresponsable et ridicule le fait que la première ministre affirme que le gouvernement n’a aucune obligation d’informer les communautés autochtones des déversements.

Nous n’avons pas sous-traité la fonction de base de surveiller et d’assurer la sécurité des personnes dans nos communautés à quiconque dans l’industrie pétrolière et gazière, a déclaré Rachel Notley.

Elle soutient que la documentation du problème montre que le gouvernement était au courant de la première infiltration en mai 2022.

Pendant ce temps, l'Impériale affirme que le nettoyage se poursuit. Toute la glace et la neige de surface touchées dans la région ont maintenant été enlevées et éliminées en toute sécurité, a assuré l'entreprise dans un communiqué.

Avec les informations de La Presse canadienne et Janet French

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