Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Amazonie : « Le projet du Ferrograo risque de faire basculer la destruction de la forêt vers un niveau irréversible »

Imposé par l’agrobusiness, ce nouvel axe ferroviaire, éventrant la forêt sur 900 kilomètres, menace sa survie et celle des peuples autochtones, dénoncent, dans une tribune pour « Le Monde », une présidente d’ONG et deux députés brésiliens.

Publié le 15 juin 2021 à 19h00, modifié le 16 juin 2021 à 11h11 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Tribune. La déforestation de l’Amazonie bat des records jamais atteints depuis 2016, et cette tragédie n’est pas une catastrophe naturelle. En plus des feux criminels et de l’assèchement budgétaire de tous les programmes de protection environnementale, le gouvernement brésilien vise à ouvrir encore plus la forêt à l’agrobusiness et à l’industrie minière avec la construction d’un nouvel axe ferroviaire pour éventrer le cœur de l’Amazonie : le Ferrograo.

Conçu et développé pendant les deux derniers gouvernements, le Ferrograo (littéralement, le « chemin de fer du grain ») doit traverser la forêt du sud au nord sur plus de 900 kilomètres pour relier les régions agricoles du Centre-Ouest au bassin amazonien. Le projet risque de faire basculer la destruction de la forêt vers un niveau irréversible et menace la survie de dix-sept peuples indigènes. L’objectif est de créer un corridor d’exportation qui inscrira la domination de l’agrobusiness dans les dernières zones encore préservées de l’Amazonie.

Les cinq plus grandes multinationales de trading qui contrôlent l’agrobusiness au Brésil sont de la partie : ADM, Bunge, Cargill, Dreyfus et Amaggi. Ensemble, elles veulent pérenniser un axe commercial entre le Brésil et la Chine, prospérant au mépris des questions environnementales, des droits humains et du bien-être animal. Cette alliance public-privé déchirerait l’Amazonie en deux blocs territoriaux, ouvrant la forêt à d’autres acteurs en quête de richesses naturelles : exploitants miniers, chercheurs d’or, éleveurs et braconniers.

Pour faire adopter le Ferrograo, Bolsonaro et son gouvernement ont usé du savant mélange de mauvaise foi et d’autoritarisme qui les caractérise. Les limites de l’important parc national de Jamanxim ont été retracées en toute illégalité pour faciliter le passage du chemin de fer. Les consultations obligatoires avec les populations indigènes ont été manipulées ou simplement ignorées, en violation avec les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT) et la déclaration des droits des peuples indigènes de l’ONU. Ces manœuvres ont conduit à la suspension temporaire du projet par la Cour suprême du Brésil.

Mobilisation internationale

Mais le gouvernement cherche à passer en force. Et pour cause, le Ferrograo est aussi un symbole des politiques dévastatrices de l’extrême droite, dont l’incompétence et le fondamentalisme idéologique ont conduit le pays dans le précipice au cours de la pandémie de Covid-19. La campagne agressive du ministre des infrastructures, Tarcisio Gomes de Freitas, probable candidat à la vice-présidence sur le ticket Bolsonaro en 2022, qui a juré de construire le Ferrograo « coûte que coûte », dissimule les fragilités légales et financières du projet. Certes, le président brésilien, dans l’espoir de capter des subsides de Washington, s’est converti à une rhétorique de coopération internationale au sujet de l’Amazonie. Mais le Ferrograo est là pour rappeler ses véritables intentions.

Il vous reste 32.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.