Symboles de la "fast fashion" mondialisée, ces décharges sauvages d’habits situées en plein désert d’Atacama au Chili polluent l’air et les nappes phréatiques de la région. Un problème grandeur nature difficile à résoudre.

Des dunes de vêtements en plein désert. Cette photo prise fin septembre par le photographe de l’Agence France Presse (AFP) Martin Bernetti a des allures surréalistes. Elle montre pourtant une réalité bien palpable, celle d’une décharge sauvage de textile située dans le désert d’Atacama près la commune d’Alto Hospicio au nord du Chili.
Plusieurs décharges comme celle-ci existent dans la région, comptabilisant environ 39 000 tonnes de déchets. Le Chili s’est spécialisé depuis une quarantaine d’années dans le commerce de vêtements de seconde main. Mais la quantité croissante d’habits à bas coût provenant d’Asie engorge son circuit de revente et nourrit de manière exponentielle ces montagnes de textile.
"Le problème est que ces vêtements ne sont pas biodégradables et contiennent des produits chimiques, ils ne sont donc pas acceptés dans les décharges municipales", explique Franklin Zepeda, qui a fondé en 2018 EcoFibra, une entreprise de recyclage en mesure de traiter jusqu’à 40 tonnes de vêtements par mois. Un effort bienvenu mais largement insuffisant pour résoudre l’ensemble du problème.

Pollution de l’air et des nappes phréatiques


Du côté de la municipalité d’Alto Hospicio, on tente de juguler un peu le flux en enterrant une partie des vêtements susceptibles de provoquer des incendies toxiques en raison de leur composition chimique synthétique. Mais qu’ils soient enfouis sous terre ou laissés à l’air libre, leur décomposition peut prendre des dizaines d’années, polluant l’air et les nappes phréatiques de la région.
Conscient de la problématique, le gouvernement chilien a récemment annoncé que l’industrie textile du pays allait être prochainement soumise à la loi de "Responsabilité étendue du producteur". Celle-ci obligerait les entreprises qui importent des vêtements à prendre en charge les résidus textiles et faciliter leur recyclage. 
Selon une étude de l’ONU datant de 2019, la production mondiale de vêtements, qui a doublé entre 2000 et 2014, est "responsable de 20 % du gaspillage total de l’eau dans le monde" et de l’émission de 8% de gaz à effet de serre sur la planète.
@MathieuViviani avec AFP

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