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TotalEnergies et Chevron se retirent de Birmanie, presque un an après le coup d’Etat

Le groupe français et la deuxième compagnie pétrolière des Etats-Unis ont annoncé cette décision l’un après l’autre, vendredi.

Le Monde avec AFP

Publié le 21 janvier 2022 à 10h41, modifié le 24 janvier 2022 à 13h53

Temps de Lecture 4 min.

Le géant de l’énergie français TotalEnergies, nouveau nom de Total depuis mai 2021, a annoncé, vendredi 21 janvier, son retrait de Birmanie, où il était partenaire et opérateur du champ de gaz de Yadana. Peu de temps après, le grand groupe pétrolier américain Chevron a annoncé qu’il prenait une décision similaire concernant ses propres activités dans le pays dirigé par la junte. Il s’agissait d’une demande des ONG de défense des droits humains après le coup d’Etat militaire qui a eu lieu en 2021.

« Le contexte, qui ne cesse de se dégrader au Myanmar [nom officiel de la Birmanie], en matière de droits humains et plus généralement d’Etat de droit, depuis le coup d’Etat de février 2021 nous a conduits à réévaluer la situation et ne permet plus à TotalEnergies d’apporter une contribution positive suffisante dans ce pays », a précisé le groupe dans un communiqué.

Le processus de retrait « prévu aux contrats du champ de Yadana et de la société de transport MGTC au Myanmar » est enclenché « sans aucune contrepartie financière pour TotalEnergies », précise le géant de l’énergie, implanté de longue date dans le pays. Il sera effectif au plus tard à l’issue du préavis de six mois et « les intérêts de TotalEnergies seront répartis entre les partenaires actuels, sauf refus de leur part », tandis que les opérations seront reprises par l’un d’eux.

« Nous avons réévalué notre intérêt pour le projet de gaz naturel de Yadana afin de permettre une transition planifiée et ordonnée qui conduira à un retrait du pays », a déclaré dans un communiqué Cameron Van Ast, porte-parole de Chevron. « En tant que non-opérateur détenant une participation minoritaire dans ce projet, notre priorité immédiate reste la sécurité et le bien-être des employés, la sécurité des opérations et la fourniture de l’énergie dont les populations du Myanmar et de la Thaïlande ont tant besoin », a-t-il ajouté.

TotalEnergies est partenaire, à hauteur de 31,24 %, et opérateur du champ de Yadana aux côtés des Américains Unocal-Chevron (28,26 %), de PTTEP (25,5 %), filiale de la société nationale d’énergie thaïlandaise, et de la société d’Etat birmane MOGE (15 %). Le groupe français a par ailleurs annoncé qu’il était d’ores et déjà en pourparlers avec le thaïlandais PTTEP, « l’opérateur naturel » pour prendre la suite de TotalEnergies en Birmanie.

Lire notre enquête : Article réservé à nos abonnés Birmanie : comment Total finance les généraux à travers des comptes offshore

Près de 1 500 civils tués depuis le coup d’Etat

Le « gouvernement fantôme » formé en réaction au coup d’Etat de l’armée s’est félicité de la décision de Total, par la voix de sa ministre chargée des femmes et de la jeunesse, Naw Susanna Hla Hla Soe. « C’est un message fort envoyé aux militaires. Couper les revenus économiques de la junte est primordial pour détruire le régime », a-t-elle déclaré.

L’ONG Human Rights Watch a, elle, salué une annonce « significative », ajoutant que les gouvernements étrangers n’auront « plus d’excuse pour retarder l’imposition de sanctions ciblées sur des entités gazières et pétrolières du pays ». Jeudi, l’ONG avait à nouveau appelé les Etats-Unis et l’Union européenne à « imposer des mesures indispensables pour cibler les fonds qui financent le régime abusif de la junte » après avoir reçu une lettre du président-directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, soutenant « la mise en œuvre de sanctions ciblées ».

Un an après le coup d’Etat du 1er février 2021, qui a renversé Aung San Suu Kyi et mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans, la Birmanie reste plongée dans le chaos. Des milices antijunte ont pris les armes contre les généraux qui étouffent dans le sang la contestation, avec près de 1 500 civils tués, selon une association locale de défense des droits humains.

Telenor et Voltalia avant eux

Quelques rares entreprises étrangères avaient auparavant plié bagage, parmi lesquelles le groupe de télécoms norvégien Telenor et le producteur français d’énergies renouvelables Voltalia, qui y était présent depuis 2018. D’autres, comme EDF, avaient annoncé la suspension de leurs activités ou de leurs commandes dans le pays.

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TotalEnergies avait, quant à elle, déjà mis fin au projet de développement d’un nouveau gisement, arrêté ses campagnes de forage et suspendu des versements aux actionnaires d’un gazoduc, parmi lesquels figure une entreprise contrôlée par l’armée birmane. Le groupe français, présent en Birmanie depuis 1992, avait versé environ 230 millions de dollars aux autorités birmanes en 2019, puis environ 176 millions en 2020, sous forme de taxes et « droits à la production », selon ses documents financiers.

Pour justifier le maintien de sa présence, TotalEnergies invoquait jusque-là l’impossibilité de « priver les Birmans et les Thaïlandais d’électricité », notamment la moitié des dix millions d’habitants de la ville de Rangoun, et s’était engagé, en contrepartie des taxes versées à l’Etat birman, à financer des ONG de défense des droits humains dans le pays pour le même montant.

Le champ de Yadana produit environ 6 milliards de mètres cubes par an de gaz, dont 70 % environ sont exportés en Thaïlande et 30 % fournis à la société nationale birmane MOGE pour le marché domestique.

Le Monde avec AFP

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