En marge des derniers développements politiques du dossier PFOS, des documents apparus dans la presse présentent sous un jour encore plus sombre le pollueur 3M et l’entreprise publique Lantis, constructeur de la liaison d’Oosterweel. Un accord conclu entre eux exonère quasiment 3M de toute responsabilité. Dans ces circonstances, la question de l’avenir du tunnel de l’Escaut se pose directement.

« Cet accord montre qu’apparemment rien ne devait empêcher le chantier d’Oosterweel. On peut y voir que Lantis joue avec l’argent des contribuables tout en balayant des mesures sanitaires strictes. C’est inacceptable », déclare Tycho Van Hauwaert de Bond Beter Leefmilieu, l’organisation qui chapeaute les associations de défense de l’environnement et de la nature en Flandre.

« Le Gouvernement flamand doit maintenant freiner et suspendre les travaux d’Oosterweel jusqu’à ce que soient traitées les nombreuses questions concernant les risques sanitaires supplémentaires des travaux, le prix de revient et la responsabilité civile. Si le Gouvernement ne le fait pas, nous examinerons les moyens d’amener rapidement cette affaire devant un tribunal », déclare Joeri Thijs de Greenpeace Belgique.

Selon les organisations environnementales, une enquête parlementaire est désormais inévitable. Elle doit déterminer comment cette situation a pu advenir et qui est impliqué, y compris au sein du Gouvernement flamand et de son administration. « Ce devrait vraiment être la dernière fois que le gouvernement se plie aveuglément aux exigences des grandes entreprises. Le gouvernement devrait en tout temps faire passer les intérêts de ses citoyens en premier », poursuit Joeri Thijs. Le Parlement flamand votera demain (mercredi) au sujet de la commission d’enquête.

Une action à très court terme est indispensable : « Indépendamment de cet accord, 3M est pénalement responsable de tous les coûts de nettoyage et des dommages éventuels. S’il s’avère que le Gouvernement flamand ne met pas 3M face à ses responsabilités, nous envisagerons alors une action en justice. Le contribuable ne devrait pas payer pour la pollution industrielle et la négligence du gouvernement », conclut Tycho Van Hauwaert.

Un symptôme de la politique industrielle flamande

L’accord conclu entre Lantis et 3M est symptomatique de la politique industrielle menée en Flandre : les grands pollueurs sont trop facilement épargnés. On leur déroule en outre un tapis rouge fiscal et leurs factures d’énergie sont réduites. Pour progresser vers une industrie plus saine et neutre sur le plan climatique, il faut mettre fin à cette tradition très dommageable qui consiste à répercuter directement sur la société les coûts climatiques, environnementaux et sanitaires.

Bond Beter Leefmilieu et Greenpeace seront présents ce soir à la première manifestation citoyenne, pour témoigner leur soutien aux riverains. Le rassemblement se déroulera à Boeienweide, Linkeroever, Anvers (dès 18h45).