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Économie

Evasion fiscale : ce documentaire qui fait peur à BNP Paribas

Diffusée sur France 3 ce 4 octobre, une enquête révèle comment BNP Paribas aurait favorisé l’évasion fiscale vers la Suisse.

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BNP RELÈVE SON OBJECTIF DE RENTABILITÉ, RÉSULTATS SOUS LES ATTENTES

Dans un documentaire, un ancien cadre de BNP Paribas explique comment la banque favorisait l'évasion fiscale en Suisse.

Gonzalo Fuentes

Le documentaire sur BNP Paribas diffusé ce jeudi 4 octobre sur France 3 (1) jette une lumière crue sur la banque de la rue d’Antin. Les journalistes Xavier Harel et Thomas Lafarge n’épargnent au téléspectateur aucune des turpitudes et des ambigüités coupables de l’établissement, fondé par Michel Pébereau en 1999, par le mariage forcé de la plébéienne BNP avec le patricien Paribas. L’amende de 9 milliards de dollars infligée par la justice américaine en 2014 à la banque, en raison du commerce qu’elle a entretenu avec le Soudan sous embargo US, figure en bonne place dans cette enquête. De même que le poids des réseaux Pébereau dans l’appareil d’Etat.

L’influence de l’inspecteur général des finances est résumée de manière saisissante par une photo, qui ouvre le documentaire : on y voit Michel Pébereau, de dos, face à Christine Lagarde, dans son bureau de Bercy. Autour du grand banquier, buvant les paroles de cette Pythie moderne, se trouvent tout ce que le pouvoir comptait alors de conseillers prestigieux : Antoine Gosset-Grainville (Matignon), Xavier Musca, François Pérol (tous deux à l’Elysée)… Nous sommes en septembre 2008. La chute de Lehman Brothers menace d’emporter l’économique mondiale. BNP Paribas est un des vecteurs de la crise financière qui s’étend. Et pourtant, la ministre de l’Economie tient à se faire conseiller par Michel Pébereau.

Un banquier suisse et voyageur

Grâce à leur longue enquête, les deux journalistes font aussi des révélations fort embarrassantes pour la banque. En premier lieu celles appuyées sur les déclarations, face caméra, de cet ancien banquier de BNP Paribas qui n’a visiblement plus rien à perdre. Jean-Claude Oswald a été traîné en justice et jeté en prison par les autorités grecques, pour des affaires de blanchiments d’argent avec une entreprise allemande. Il a été photographié menottes aux mains, emmené par la police. Du coup, celui qui fût l’un des cadres de BNP Paribas en Suisse balance sur son ancien employeur. Oui, alors que les banques n’ont naturellement pas le droit de démarcher des clients pour les inciter à la fraude fiscale, lui quittait régulièrement les bureaux de Genève et Zurich pour rencontrer des prospects à « Athènes, Madrid et Rome ». Objectif : vanter les avantages offerts par les discrets coffres forts suisses.

Oswald explique aussi combien l’acquisition de l’établissement italien BNL par BNP Paribas en 2006 a constitué une divine surprise : soudain, là, de l’autre côté de la frontière, sa banque se dotait de mille succursales dans lesquels lui et ses équipes pouvaient s’inviter, pour des rendez-vous avec les clients potentiels. « Une facilitation du métier » de banquier privé suisse, reconnait Oswald.

La France concernée ?

Parmi ses réussites, il donne pour exemple celui d’un entrepreneur italien travaillant en Indonésie, qui a trouvé plus facile de rapatrier directement en Suisse les bénéfices de sa filiale, sans passer par la case fiscalité en Italie.

Interrogé, BNP Paribas explique n’avoir pas connaissance de ce type de témoignage. Reste que, à l’époque, l’intégration de BNL avait été confiée à Jean-Laurent Bonnafé, actuel directeur général de BNP Paribas. Tandis que Georges Chodron de Courcel, membre du comité de direction de la banque, était également président du conseil d’administration de la filiale helvète. Dans le documentaire, Jacques Desponts, lui aussi ancien membre du comité de direction de BNP Paribas donne son explication à l’absence de réaction des dirigeants : « Cette filiale était tellement rentable… C’était une banque dans la banque. »

La France était-elle épargnée par de tels recrutements par la banque privée suisse ? Un document Powerpoint présenté dans le film souligne que le démarchage du marché français doit être systématique. Et comme le rappelle malicieusement le commentaire, pendant ce temps-là, en 2005, Michel Pébereau s’alarmait dans un rapport remis au gouvernement du niveau étouffant de la dette publique pour l’Hexagone. Il y préconisait une sévère baisse des dépenses publiques. Mais ne s’attardait pas sur les pertes liées à l’évasion fiscale.

  1. Dans les eaux troubles de la plus grande banque européenne, par Thomas Lafarge et Xavier Harel, France 3, 23h40.
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