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TRIBUNE

Une crise frappe l'hôpital public et elle nous concerne toutes et tous

Le plan «Investir pour l'hôpital» du gouvernement est insuffisant. Un collectif d'associations de malades, de professionnels et d'usagers demande un changement de modèle, d'urgence.
par Le mouvement associatif
publié le 13 décembre 2019 à 15h21

Tribune. L'hôpital est le seul lieu d'accueil et de soins ouvert à tous 24 h/24, 365 jours par an. Il reçoit 95 % de malades suivi·es pour des pathologies chroniques, des maladies orphelines, un handicap, des maladies psychiatriques et des polytraumatisé·es… Il est aussi, pour beaucoup d'entre nous vivant dans des déserts médicaux ou porteurs d'un handicap, le seul lieu de prise en charge possible. La crise des urgences a mis en lumière la dégradation de la situation hospitalière qui s'opère depuis des décennies. Ce n'est que la partie émergée des problèmes qui touchent tout le secteur hospitalier et le menacent à très court terme. Les sous-effectifs persistants dans les services, le manque de lits, dits «d'aval», pour les patient·es devant être hospitalisé·es à la sortie des urgences, la sous-rémunération des paramédicaux, ont pour conséquences des démissions ou des arrêts maladies des personnels soignants, toutes professions confondues, et une surcharge de travail concomitante. Pour les patient·es, l'accueil est maintenant souvent dégradé et, parfois, des dysfonctionnements importants ont lieu remettant en cause la qualité de la prise en charge. L'accueil des malades dans l'isolement familial ou social est devenu défaillant.

Le plan «Investir pour l’hôpital», présenté par le gouvernement le 20 novembre, est bien loin de répondre aux besoins humains et matériels qui se présentent à nous aujourd’hui ainsi qu’au défi plus que pressant de refondation de l’hôpital public. La reprise d’un tiers de la dette va bien permettre de dégager des fonds mais le plan ne propose pas un véritable changement du modèle. Dès lors, dès demain, faute de rénovation, le déficit se renouvellera. L’hôpital se verra une nouvelle fois forcé de déployer des mesures d’économies. Depuis dix ans, plus de 8 milliards ont été économisés mais cette économie s’est faite au détriment des problématiques d’effectif du personnel, et de la qualité et de la sécurité des soins. Sans changer les modalités de financement fondées sur la tarification à l’activité, les établissements continueront à privilégier principalement les activités d’hospitalisation dites «rémunératrices».

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Les usager·ères rejoignent les soignant·es : il faut donner à l’hôpital public les moyens d’assurer correctement ses missions. Ces dernières doivent être définies, mises en œuvre et évaluées avec celles et ceux qui en sont directement les bénéficiaires : les usager·ères et leurs représentant·es. Il faut permettre l’émergence de réels partenariats de soins avec les patient·es et leurs proches afin que l’expérience des patient·es profite à l’amélioration de la qualité des soins. A l’avenir, les personnels, les usager·ères et les élu·es devront faire partie de la gouvernance hospitalière et nous, les associations, sommes prêtes à faire face à cette responsabilité. Nous sommes attaché·es au modèle de l’hôpital public, à son exemplarité républicaine d’accueil pourtant déjà détériorée partout en France.

Les associations de malades, de personnes en situation de handicap, d’usager·ères de l’hôpital public, et les membres du Collectif Inter-Urgences et du Collectif Inter-Hôpitaux demandons un plan rapide et vigoureux. La réévaluation du budget de l’hôpital doit permettre de parvenir à la moyenne européenne avec des mesures concernant :

– les filières de soins, l’augmentation du nombre de lits correspondant aux besoins de chaque service, avec une attention particulière pour l’aval des urgences, pour les accueillir et prendre dignement soin d’eux-elles ;

– l’embauche en nombre suffisant de personnels soignants formés, avec des quotas minimaux de sécurité pour chaque unité de soins ;

– la revalorisation des salaires, en particulier des personnels non médicaux et des jeunes médecins, pour maintenir et fidéliser les personnels soignants.

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Aux côtés des Collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux, nous, 42 associations de patients, 145 représentant·es des usager·ères de 25 hôpitaux, seront présent·es ensemble mardi pour la journée de mobilisation nationale des hôpitaux.

Associations signataires :

AFH ; A chacun son Everest ; AFD 35 ; APF France Handicap ; Inter-LGBT ; Aides ; Médecins du monde ; Association Laurette-Fugain ; Les ActupienNEs ; Les Petits Bonheurs ; Petits Frères des pauvres (Collectif des RUs) ; Unafam ; Aptes ; Aide aux jeunes diabétiques ; Alis ; APPF ; Unapecle ; AFFMF ; AFPCA ; Afso ; Argos 2001 ; Association des Poic ; CLCV ; Comede ; Sidaction ; Crac ; Fédération des acteurs de la solidarité ; Afmah ; France vascularites ; Génération 13 ; Keratocone ; Kourir ; La Vie par un fil ; Les Poids Plumes France ; Maman Blues ; Polyposes familiales France ; Tanguy Moya Moya ; UFCS-Familles rurales ; Association E3M ; CRMR Raise Lyon ; CRMR Paris ; Unité immunologie hématologie et rhumatologie pédiatrique.

Pour aller plus loin :

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