C’est leur contribution à l’effort de guerre. A la demande des agences régionales de santé, les quelque 500 cliniques du pays ont repoussé l’ensemble des 100 000 interventions chirurgicales programmées du lundi 16 au dimanche 22 mars, ainsi que toutes celles prévues la semaine prochaine. Seules les urgences et 30 000 interventions en cancérologie ont été maintenues. Objectif : soulager des hôpitaux publics promis à une sollicitation extrême ces prochaines semaines, avec un nombre important de cas graves de Covid-19 à prendre en charge dans les services de réanimation.
« On essaye de dégager le maximum de lits », assure Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), qui promet « 4 000 lits mobilisables ». En Ile-de-France, 185 lits de réanimation et environ 400 lits de soins critiques ont été libérés pour prendre en charge des patients Covid-19.
« Le privé est prêt et jouera sa partie », assure M. Gharbi, tout en se disant « contrarié et inquiet » par le manque de matériel de protection, comme les masques, les solutions hydroalcooliques, les surblouses, les gants ou les lunettes. « On a des difficultés criantes pour protéger nos salariés, bon nombre de nos collaborateurs partent au front sans armes », déplore-t-il. Selon lui, dans les établissements privés, les masques chirurgicaux disponibles doivent aujourd’hui être réservés aux services d’urgences, tandis que les services de soins de suite ou les Ehpad en sont souvent dépourvus.
Pénurie de masques
Si Emmanuel Macron a annoncé lors de son allocution télévisée lundi la distribution de masques aux soignants des vingt-cinq départements les plus touchés dès mardi et à l’ensemble des personnels de santé mercredi, le représentant de l’hospitalisation privée n’est pas rassuré. « On nous dit que ça arrive, mais on nous demande aussi de réfléchir à porter des masques en coton, ou à réutiliser des masques à usage unique », confie-t-il.
Conséquence de cette pénurie : dans la région Grand-Est, la plus durement touchée en ce moment, 70 lits de réanimations qui pourraient être mobilisés dans cinq cliniques à Metz, Nancy, Reims et Strasbourg « ne le sont pas, faute de masques et tuniques ».
A Strasbourg, la clinique de l’Orangerie a « armé » ses lits de surveillance continue « pour se mettre en réserve de la République », explique Patrick Wisniewski, le directeur du site et président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) dans la région. « On peut faire de la réanimation lourde dans deux lits. Les équipes sont prêtes, les locaux sont prêts, nous attendons les protections individuelles », dit-il.
Pour ouvrir davantage de lits de réanimation, la clinique aurait besoin de davantage de respirateurs « lourds ». « Il faut aller les prendre dans les régions où il n’y en a pas besoin et les rapatrier dans la région Grand-Est », plaide M. Wisniewski. Mercredi, six patients contaminés par le coronavirus devraient être évacués par avion militaire de l’hôpital public de Mulhouse, où les unités de réanimation sont saturées, vers celui de Toulon (Var).
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