Les abeilles meurent plus en Belgique et en France

Les décès d'abeilles se multiplient

L’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) confirme la forte mortalité des abeilles dans l’UE. La Belgique arrive en première place pour la mortalité hivernale, la France pour celle de saison.

Financée par la Commission européenne et conduite par le laboratoire de l’Anses de Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), laboratoire de référence de l’Union européenne (LRUE) pour la santé des abeilles, EPILOBEE a permis d’évaluer la mortalité des abeilles domestiques de 5.798 ruchers répartis dans 17 pays de l’UE, entre l’automne 2012 et l’été 2014.

Publiés en avril 2014, de premiers résultats avaient révélé un net gradient Nord-Sud dans la mortalité des abeilles. Cette nouvelle version finale, à deux ans, confirme ce résultat, mais avec une mortalité globalement moindre la deuxième année (2013-2014): seuls 5 pays dépassaient le seuil de 10%, jugé acceptable pour la mortalité hivernale, contre 13 la première année (2012-2013).

Pour les deux années, la Belgique arrive en tête pour la mortalité hivernale, avec un taux de 31,73% la première année, puis de 13,85% la deuxième. Quant à la France, elle arrive en première position pour la mortalité de saison (printemps-été), avec 9,63% et 8,06% pour les deux années respectives. S’il n’existe pas de seuil défini comme «acceptable» pour la mortalité de saison, ces chiffres sont jugés très élevés.

Les pratiques apicoles en question

Quelles sont les raisons de ces disparités intra-européennes? Difficile de le déterminer, car EPILOBEE, avant tout une photographie européenne de la mortalité des abeilles, ne comporte «pas d’analyse de causalité», rappelle Magali Ribière-Chabert, chef de l’unité pathologie des abeilles du laboratoire de l’Anses de Sophia-Antipolis. Des facteurs de risque ont toutefois été étudiés, pointant notamment un rôle des pratiques apicoles.

On observe ainsi moins de mortalité «chez des apiculteurs professionnels, ayant une expérience supérieure à cinq ans, membres d’associations ou qui suivent des formations, et qui assurent un suivi de leur élevage par un carnet d’apiculteur», indique la chercheuse. Autre facteur associé à la mortalité, la présence de varroase, une maladie parasitaire due à l’acarien Varroa destructor, ou encore la loque américaine pour la mortalité de saison.

Les facteurs liés l’apiculteur semblent d’ailleurs liés aux forts taux de mortalité en Belgique, où Magali Ribière-Chabert dit avoir observé «le plus de petits apiculteurs, avec de nombreux ruchers n’ayant qu’une colonie». Quant à la mortalité de saison proche de 10% en France, «c’est l’un des grands questionnements» de l’étude EPILOBEE, reconnaît-elle.

Pesticides: des méthodes d’analyse à affiner

Quid des pesticides, et notamment des néonicotinoïdes? Le projet initial soumis à la Commission mentionnait leur analyse, mais le sujet a été écarté, faute de faisabilité technique. Au grand dam des associations, dont l’Union nationale de l’apiculture de France (Unaf), dont le porte-parole Henri Clément avait jugé qu’il y avait là «une volonté de ne pas trouver».

«Ce n’était pas réalisable», juge Magali Ribière-Chabert, notamment parce que les méthodes d’analyse des pesticides dans les matrices d’abeilles (corps de l’abeille, larve, «pain d’abeille»[i], miel) n’étaient pas au point. «Cela posait plusieurs problèmes: les méthodes d’analyse, le choix des molécules à analyser, à quel moment prélever… à la fin d’EPILOBEE, nous sommes prêts pour certaines molécules, pas pour d’autres, cela dépend du nombre et de la variété de ce qui devra être recherché», ajoute la chercheuse.

Début 2015, l’Efsa a lancé un nouveau projet européen sur plusieurs années, MUST-B, avec plusieurs groupes d’experts cherchant à déterminer les divers facteurs à analyser, notamment les pesticides. Impliquée dans le projet, l’équipe de l’Anses réanalyse par ailleurs les résultats d’EPILOBEE en fonction de la localisation des ruchers au cours de l’étude, notamment selon le type de parcelles agricoles.

L'EFSA confirme la nocivité des pesticides pour les abeilles

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a confirmé que les trois substances de néonicotinoïdes dont l’utilisation est limitée depuis 2013 représentent une menace pour les abeilles. 

 


[i] Le pain d’abeille est son aliment, à base de pollen et de miel.

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