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Qu’est-ce que le chlorpyriphos-éthyl dont Le Foll veut limiter l’usage ?

Le ministre de l’Agriculture s’est engagé sur France 2 mardi soir à restreindre voire interdire l’utilisation du chlorpyriphos-éthyl, en raison de sa « dangerosité » pour la santé. Gros plan sur ce pesticide utilisé dans l’agriculture.

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Par Anaëlle Grondin

Publié le 3 févr. 2016 à 13:43

« Si on ne fait rien c’est une bombe à retardement. Je suis parfaitement conscient de ça. » Mardi soir, au cours de l’émission « Cash Investigation » de France 2, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a dû prendre position au sujet de l’utilisation de pesticides dangereux pour la santé en France. Interrogé en particulier sur le cas du chlorpyriphos-éthyl, ce dernier s’est engagé à en limiter l’usage dès cette année.

« Je me bats pour que ce soit réduit, parce que c’est non seulement un danger pour l’environnement, un danger aussi pour la santé et en même temps c’est une perte économique », a déclaré le ministre avant d’ajouter : « Il va falloir réviser toutes les utilisations de ce produit. » Il attend toutefois les résultats d’un rapport de l’Agence nationale de la sécurité alimentaire et sanitaire (Anses). Contrairement au glyphosate , élément chimique largement utilisé dans les désherbants dans le monde, le chlorpyriphos-éthyl était peu médiatisé jusqu’à présent.

Qu’est-ce que le chlorpyriphos-éthyl ?

Cette molécule au nom barbare est une substance active de produit phytosanitaire. Elle entre dans la composition de quatre produits largement utilisés dans l’agriculture en France : le Pyrinex ME, le Nurelle D 220, le Nurelle D 550 et le Pyristar.

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Quels en sont les usages ?

Les agriculteurs l’utilisent pour protéger leurs productions . Le chlorpyriphos-éthyl leur permet de lutter contre les insectes (pucerons, chenilles) dans les plantations de blé, de colza, dans les vignes ou encore dans les cultures légumières (pommes de terre, navets) et fruitières (pommiers, poiriers, pêchers).

Qui commercialise cette substance ?

Le géant américain Dow Chemical, fondé en 1897 et spécialisé dans la fabrication et distribution de produits chimiques, est le plus gros vendeur de chlorpyriphos. Il commercialise cette substance depuis cinquante ans . L’entreprise fait partie des multinationales qui dépensent le plus, chaque année, pour son lobbying auprès de l’Union européenne, selon une étude de l’organisation Transparency International parue en juin 2015. Dow Europe GmBH, filiale allemande de Dow Chemical, se déleste tous les ans de 3,75 millions d’euros en ce sens. Le groupe chimique, qui est en passe de fusionner avec une autre icône américaine du secteur, DuPont , a doublé ses profits en 2015, malgré un chiffre d’affaires en baisse de 16 %. Quatre autres entreprises commercialisent la molécule également : Cheminova, Adama, Gharda Chemicals et Platte Chemical.

Quels sont les effets sur la santé ?

Un impact de cette substance sur le développement du cerveau des bébés pendant la grossesse a été démontré par des études scientifiques, comme celle parue en 2012 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Un lien a été établi entre forte exposition in utero et anomalies cérébrales importantes. « Cash Investigation » évoque chez ces individus des résultats de tests cognitifs bien inférieurs à la moyenne, un déficit de l’attention et des tests de QI plus faibles. Des études montrent que la molécule est même responsable de l’autisme de certains enfants .

Qu’en dit l’Anses ?

L’Agence nationale de sécurité alimentaire et sanitaire doit rendre un rapport sur l’usage du chlorpyriphos-éthyl en France ce mois-ci ou en mars au plus tard. Elle s’est saisie de ce dossier en 2015 après que l’agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a réévalué cette substance et revu à la baisse ses valeurs toxiques admissibles.

Plan Ecophyto 2

En volume, la France est le deuxième plus gros consommateur de pesticides en Europe. Lors de son passage dans « Cash Investigation » mardi, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a rappelé l’objectif du plan Ecophyto 2 présenté en 2015 : réduire l’utilisation de produits phytosanitaires en France de 50 % d’ici 2025. Le ministre souhaite voir les vendeurs de pesticides « proposer des alternatives d’ici à cinq ans » sous peine de « sanctions financières ».

Anaëlle Grondin

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