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Bayer-Monsanto : Bruxelles lance une enquête approfondie

La Commission estime que l'opération présente des risques pour la concurrence dans trois domaines.

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Par Gabriel Grésillon

Publié le 23 août 2017 à 01:01

La Commission européenne a annoncé, mardi, l'ouverture d'une enquête approfondie sur le projet de rachat de Monsanto par Bayer. Cette transaction à 66 milliards de dollars, annoncée en septembre 2016, pourrait présenter des risques pour la concurrence dans trois domaines. Concernant les pesticides, l'américain Monsanto est en position de force en Europe avec son célèbre glyphosate, plus connu du grand public sous le nom de Roundup. Que se passerait-il s'il était absorbé par Bayer, qui fait partie du « nombre limité de concurrents... capables de découvrir de nouvelles substances actives », interroge la direction à la Concurrence de la Commission européenne.

L'inquiétude porte aussi sur les semences, en particulier dans le colza : Monsanto est leader en Europe, tandis que Bayer est numéro un mondial. Le rachat du premier par le second pourrait faire baisser la pression concurrentielle.

Enfin, les fonctionnaires de la Commission européenne se sont intéressés aux « caractères agronomiques », qui renvoient aux semences spécifiques permettant de développer tel ou tel type de plante. Là encore, la concurrence entre les deux est aujourd'hui forte, sur un marché déjà concentré. La Commission craint donc que le projet d'acquisition « ne réduise la concurrence... et n'entraîne ainsi une hausse des prix, une baisse de la qualité, une réduction du choix et un recul de l'innovation ».

Autres transactions majeures

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L'ouverture de cette enquête approfondie ne préjuge pas du résultat final - attendu d'ici au 8 janvier prochain -, assure-t-on à la Commission. De fait, le rachat de Monsanto par Bayer arrive après deux autres transactions majeures dans l'agrochimie qui, après avoir été passées au peigne fin par Bruxelles, ont fini par être approuvées sous conditions.

La fusion de Dow et DuPont, elle aussi, a fait l'objet d'une enquête approfondie, de même que le rachat du suisse Syngenta par le chinois ChemChina, pour 43 milliards de dollars. Les deux opérations ont finalement été validées, moyennant la revente des activités où la concurrence risquait de devenir trop faible. La phase de 90 jours qui s'ouvre va donc consister en un travail double : d'une part, il s'agira pour Bruxelles d'affiner son analyse afin de vérifier si ses inquiétudes sont réellement justifiées. Et, d'autre part, il semble probable que les protagonistes vont devoir, de leur côté, montrer patte blanche en proposant des aménagements à ce rachat afin de limiter les risques pour la concurrence. Et d'éviter les foudres de Bruxelles.

La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a tenu à répondre aux nombreuses ONG qui l'avaient alertée sur ce dossier. Dans un courrier qu'elle leur a adressé, elle précise qu'elle se cantonne aux domaines qui sont les siens - la surveillance du marché garantissant des conditions de saine concurrence -, renvoyant les inquiétudes relatives à la santé ou à l'environnement à d'autres autorités. Et elle juge que l'Union européenne dispose, au sujet de l'utilisation des pesticides, de règles qui figurent parmi les plus strictes au monde.

Correspondant à Bruxelles Gabriel Gresillon

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