La COP 21 financée par des sponsors controversés

Un vingtaine d'entreprises se sont engagées à financer la COP 21 [France diplomatie/Frédéric de La Mure]

Laurent Fabius a annoncé le nom des premières entreprises qui financeront une partie de la conférence pour le climat. Mais parmi les sponsors, certains comme EDF ou Engie font grincer des dents les ONG. 

L’appel du gouvernement français aux grandes entreprises pour financer une partie de la conférence internationale de Paris sur le climat a été entendu.

Le 27 mai, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé la liste des premiers sponsors de la COP 21, parmi lesquels figure une bonne partie du CAC 40 (Axa, BNP Parisbas, EDF, LVMH, Michelin, Publicis, Renault-Nissan, SaintGobain, Engie) et plusieurs entreprises françaises (La Poste, Air France, JCDecaux) ou étrangères (Ikea, Generali).

« L’objectif est de réduire le plus possible l’addition pour le contribuable en recherchant systématiquement des économies et en sollicitant les entreprises qui peuvent apporter un soutien financier ou en nature », a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Le gouvernement souhaite que les entreprises financent 20 % du budget total de la conférence qui rassemblera à Paris en décembre les délégations de 195 pays, qui devront trouver un accord afin de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C.

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Pour l’heure, les différents engagements des entreprises permettront de financer 10 % du budget total de la COP 21, dont le coût total est estimé à 170 millions d’euros. « Mais une dizaine d’autres grands groupes ont manifesté leur intérêt » a affirmé Laurent Fabius.

Et les contributions sont variées. Des gourdes climato-compatibles pour éviter la prolifération des petites bouteilles en plastiques fournies par le syndicat des eaux d’Ile-de-France, 200 voitures électriques de la part de Renault-Nissan ou encore une mise en avant de la conférence au niveau mondial offerte par Google viennent compléter les contribution en cash apportées par certaines entreprises.

Climato-compatible

« Les partenaires sont là, car ils ont proposé de l’aide et parce que leur activité est compatible avec un haut niveau d’exigence environnemental », a rappelé le ministre. Car si le secteur privé est traditionnellement mis à contribution pour le financement des conférences internationales pour le climat, la France s’était engagée à ne retenir que les mécènes « climato-compatibles ».

>>Lire : Les entreprises réclament un prix du carbone pour la COP 21

« Nous n’excluons a priori personne » a affirmé de son côté Pierre-Henri Guignard, secrétaire général chargé de l’organisation de la COP 21. « Mais la participation en tant que mécène implique une capacité à montrer un engagement de long terme en faveur du climat » a-t-il nuancé.

Une nuance qui a laissé sur le banc des observateurs des entreprises comme le pétrolier Total, qui ne fait pas partie des sponsors.

Les producteurs d’énergies fossiles épinglés

Mais parmi la liste des mécènes annoncés, certains producteurs d’énergie tels qu’Engie ou EDF possèdent également des intérêts important dans les énergies fossiles. Récemment montrées du doigt par des ONG, qui dénonçaient dans un rapport la présence de nombreux centrales au charbon dans leurs investissements étrangers, les deux sociétés françaises figurent tout de même ou rangs des entreprises « climato compatibles ».

>>Lire : Les énergéticiens français restent accros au charbon, mais à l’étranger

« La COP21 sera financée par des champions français de la pollution : BNP Paribas, qui a soutenu à plus de 15.5 milliards d’euros le charbon entre 2005 et 2014, et EDF et Engie dont les 46 centrales à charbon émettent chaque année l’équivalent de près de la moitié des émissions de la France » a regretté l’ONG Oxfam France dans un communiqué, dénonçant une « l’hypocrisie »du gouvernement français.

« Nous n’allons pas stopper d’un coup l’ensemble des centrales à charbon en fonctionnement dans le monde » s’est défendu le PDG d’Engie (ex-GDF), Gérard Mestrallet, rappelant que son entreprise contribuait pour beaucoup au « développement des énergies renouvelables dans les pays émergents ».

Les négociations sur le changement climatique ont démarré en 1992, et sont marquées par une conférence internationale annuelle appelée Conférence des Parties, ou COP.

Après la COP 19 à Varsovie fin novembre 2013, le Pérou s'est chargé de la 20e conférence, à Lima, en décembre 2014.

Paris organise la 21e conférence, au Bourget, début décembre 2015, une conférence qui revêt une importance particulière. Comme à Copenhague en 2009, les États doivent trouver un accord pour donner suite au protocole de Kyoto, dont l'objet était de réduire les émissions de CO2 entre 2008 et 2012. L'enjeu est donc de trouver un cadre juridique contraignant ou non.

  • 3 au 14 juin : poursuite des négociations de la COP 21 à Bonn
  • 1er novembre : synthèse de l’ONU de l’ensemble des engagements
  • 30 novembre au 11 décembre: COP 21 à Paris

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