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Quelle huile de palme consomme-t-on?

À partir d’aujourd’hui, la législation européenne rend obligatoire la mention de l’huile végétale utilisée dans les produits industriels, et donc de l’huile de palme. La norme RSPO promet une huile durable. Visite d’une plantation. Quelle est la réalité de cette norme ? « On peut mieux faire », répondent les ONG.

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Bienvenue dans le monde merveilleux de l’huile de palme. Bienvenue dans l’une des plantations de United plantations Berah, à quelque 200 km au nord de Kuala Lumpur, la capitale malaisienne. UPB, une entreprise que dirigent Carl Bek-Nielsen et son frère Martin, deux Danois nés en Malaisie où la famille s’est installée en 1906 pour y cultiver du caoutchouc, puis l’huile de palme à partir de 1918.

Cette exploitation est celle que tous les médias, comme nous en ce mois de novembre, sont invités à visiter pour son exemplarité. La Malaisie veut faire oublier les forêts dévastées, les orangs-outangs décimés. Elle, le deuxième producteur d’huile de palme après l’Indonésie.

Les plantations d’UPB s’étendent sur environ 56 000 ha (40 000 en Malaisie). Soit 7 millions de palmiers et une production de quelque 165 000 tonnes certifiées RSPO (lire par ailleurs). UPB, ce sont aussi 6 500 employés, 15 000 personnes qui vivent sur les plantations, 35 000 qui dépendent de l’entreprise.

Carl Bek-Nielsen ne comprend pas les appels au boycott ni l’existence du label « sans huile de palme », si ce n’est à des fins marketing. Car sur les questions de santé, « aucun argument scientifique ne tient  », répète-t-il (notre dossier du 30 octobre). « La question n’est donc pas de consommer ou non de l’huile de palme mais laquelle. » Les consommateurs ne veulent pas cautionner la déforestation ? « Qu’ils la consomment durable, certifiée. Aujourd’hui, ils ont le choix. L’huile de palme doit désormais être indiquée : qu’ils regardent si la mention est suivie de RSPO. »

« Si ce n’est pas bon pour ta famille, ce n’est pas bon pour tes employés »

Leurs engagements environnementaux : 11 % de leurs terres restent des forêts préservées. Les plantations UPB sont traversées par quelque 525 km de rails pour acheminer la production jusqu’à un des six moulins de l’exploitation. Sur les wagons, le numéro du jour, de la parcelle pour la traçabilité.

En amont, pour limiter les pesticides, des petites bêtes ont été introduites pour manger les parasites qui s’attaquent aux palmiers. Pour récolter, des tracteurs mais aussi, depuis huit ans, 200 à 300 buffles pour tirer les remorques.

« Depuis 2005, nous avons réduit de 39 % par tonne notre empreinte carbone », chiffre Carl Nielsen. Quatre installations traitent les rejets des émissions de méthane. « J’ai visité beaucoup de cultures dans les pays industriels bien plus destructrices pour l’environnement », ajoute-t-il. UPB dit recycler 98 % de ses déchets, retraités en engrais ou convertis en électricité pour les employés qui logent sur les plantations. Une des garanties sociales.

Les employés, à majorité étrangère, sont logés gratuitement dans des maisons de 130 m2 aux allées taillées au cordeau. Les planteurs sont payés environ 1 100 ringitts par mois (255 €), guère plus que le salaire minimum (900 ringitts, 208 €) mais ils ne paient pas l’eau ou la scolarisation de leurs enfants dans l’une des huit écoles en trois langues de l’entreprise. « On a créé une communauté », affirme Carl Nielsen. Avec ses lieux de culte, deux hôpitaux et, sur la plantation de Teluk Intan, une biscuiterie danoise.

Carl Bek-Nielsen ne cache pas la volonté de gagner de l’argent mais « on redistribue ». Suivant toujours aussi la philosophie du père : « Si ce n’est pas bon pour ta famille, ce n’est pas bon pour tes employés. » Et les affaires marchent pour UPB. Le groupe vend toute son huile certifiée. Mais il va bien au-delà des critères RSPO que les ONG jugent encore insuffisants.

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