Aéroport de Roissy : la privatisation d’ADP inquiète élus et salariés

Alors que le projet de loi Pacte va être examiné au Sénat ce mardi, quatre syndicats du gestionnaire de l’aéroport se mettent en grève.

 Roissy. L’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle pourrait être contrôlé demain par un groupe privé.
Roissy. L’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle pourrait être contrôlé demain par un groupe privé. LP/Olivier Arandel

    La privatisation d'ADP pourrait-elle échouer ? C'est ce que pensent des élus communistes. Les sénateurs Laurence Cohen (Val-de-Marne), Fabien Gay et Éliane Assassi (Seine-Saint-Denis) étaient à l'aéroport de Roissy ce lundi, pour une conférence de presse organisée par le comité d'entreprise du Groupe ADP. D'autres élus PCF y participaient comme le conseiller régional du Val-de-Marne Fabien Guillaud-Bataille ou la maire de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), Charlotte Blandiot-Faride.

    La loi Pacte qui doit ouvrir la voie à la privatisation du gestionnaire d'aéroports français est discutée au Sénat à parti de ce mardi. C'est aussi ce jour que quatre syndicats du Groupe ADP (CGT, CFE-CGC, Unsa et FO) appellent à la grève * pour s'opposer à ce projet. « On pense qu'un rapport de force s'est créé, a annoncé Éliane Assassi. Au Sénat, une majorité pourrait se dégager contre la privatisation d'ADP. » Ils estiment que la droite, majoritaire, serait prête à voter contre.

    « Même les libéraux disent que brader un monopole n'a aucun sens », a déclaré Fabien Gay. Les communistes jugent que la privatisation des autoroutes a servi de leçon. « Tout le monde dit qu'on ne peut pas refaire les erreurs du passé », ajoute-t-il. Il cite aussi en contre-exemple l'aéroport de Toulouse-Blagnac. « Ça a été vendu moins de 400 M€ à un groupe chinois qui 5 ans après n'a jamais investi et qui est en train de se retirer. »

    Roissy, lundi 28 janvier. Les sénateurs Éliane Assassi et Fabien Gay en une conférence de presse./LP/Thibault Chaffotte
    Roissy, lundi 28 janvier. Les sénateurs Éliane Assassi et Fabien Gay en une conférence de presse./LP/Thibault Chaffotte LP/Olivier Arandel

    Daniel Bertone, secrétaire général de la section CGT du groupe ADP, a averti l'auditoire des conséquences possibles de ce projet pour les 6 500 salariés. « Ce sont eux qui paieront le prix de cette privatisation, a-t-il prédit. Ils payent déjà depuis la cession de 8 % au privé. » Il indique que le groupe a perdu 2 000 emplois suite à l'ouverture du capital. Une partie des activités a été transférée à des sous-traitants. « Ce sont des marchés qui sont renégociés tous les trois ans à la baisse par ADP, a-t-il souligné. Tous les trois ans, ce sont des salariés qui ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »

    L'inquiétude de la maire de Mitry-Mory

    L'inquiétude d'un transfert au privé du Groupe ADP touche aussi les communes limitrophes de l'aéroport. « Le fait qu'ADP est propriétaire de centaines d'hectares de notre territoire, c'est terrifiant pour l'avenir », a fait valoir Charlotte Blandiot-Faride, maire de Mitry-Mory. Elle s'interroge sur l'entité qui prendra le contrôle de ces terrains et leur finalité. « On avait la faiblesse de croire que l'intérêt public était préservé. Mais demain, quel intérêt sera servi sinon la rentabilité maximum ? », demande-t-elle.

    *Aucune perturbation particulière n'est attendue sur la plateforme.

    Roissy, lundi 28 janvier. Daniel Bertone, secrétaire général de la CGT groupe ADP./LP/Thibault Chaffotte
    Roissy, lundi 28 janvier. Daniel Bertone, secrétaire général de la CGT groupe ADP./LP/Thibault Chaffotte LP/Olivier Arandel