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Bruxelles donne son feu vert au controversé mariage Bayer-Monsanto

Le projet de fusion doit encore obtenir le feu vert des autorités américaines. Après l’opération, le nouveau géant jouera un rôle majeur sur l’ensemble de la chaîne de valeur agricole mondiale.

Par  (Berlin, correspondance)

Publié le 22 mars 2018 à 06h40, modifié le 22 mars 2018 à 09h25

Temps de Lecture 3 min.

C’est un des projets de fusion les plus controversés qui a été avalisé, mercredi 21 mars, par la Commission européenne. Bruxelles a autorisé, sous d’importantes réserves, le principe du mariage entre le groupe allemand Bayer et l’américain Monsanto.

C’est une victoire d’étape majeure pour l’agrochimiste allemand, qui ambitionne de devenir le leader mondial des semences et des pesticides. Il doit toutefois encore obtenir le feu vert des autorités américaines. Après l’opération, qui coûtera à Bayer 51 milliards d’euros, le nouveau géant jouera un rôle majeur sur l’ensemble de la chaîne de valeur agricole mondiale, y compris dans la gestion des récoltes.

Bruxelles impose aux deux groupes, en particulier à Bayer, d’abandonner des parts importantes de leurs activités. « Nous avons autorisé le projet de rachat de Monsanto par Bayer parce que les mesures correctives proposées par les parties, qui dépassent largement les 6 milliards d’euros, répondent pleinement à nos préoccupations », a déclaré, mercredi matin à Bruxelles, la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager, qui redoutait les effets de la concentration sur « la concurrence et l’innovation sur les marchés des semences, des pesticides et de l’agriculture numérique ».

Un nouveau leader mondial de l’agrochimie

Bayer doit ainsi céder presque toutes ses activités dans le domaine agronomique, sur lequel il est présent depuis des décennies. Dans le détail, il s’agit de la quasi-totalité de son département semences, y compris son organisation de recherche et développement ; certains de ses pesticides ; ainsi qu’une licence sur une copie de son offre actuelle et de ses produits en cours de développement en matière d’agriculture numérique. Cette dernière repose sur l’utilisation fine des données climatiques et hydrographiques afin de gérer au plus juste la consommation d’eau et de pesticides dans les plantations.

Sans les cessions imposées, les deux groupes auraient bénéficié d’une position jugée trop dominante sur certains secteurs clés : les semences de grande culture comme le colza, le coton, ou encore le soja et le blé, « qui revêtent une importance à l’échelle mondiale » ainsi que sur certaines semences potagères.

Sur les pesticides, Bruxelles a tenu à ce que soit maintenue « la course pour trouver des produits concurrents au glyphosate », actuellement le biocide le plus vendu dans le monde, très critiqué pour ses effets jugés nocifs sur l’environnement et la santé des êtres humains. Sur l’agriculture numérique, « la course pour devenir le premier fournisseur européen dans ce domaine émergent reste ouverte », a précisé la Commission.

« Décision toxique pour la démocratie européenne »

C’est BASF, le grand chimiste allemand de Ludwigshafen, qui doit reprendre les activités cédées par Bayer. Jusqu’ici absent du marché des semences, des pesticides non sélectifs et de l’agriculture numérique, le groupe aura désormais la tâche d’exercer une pression concurrentielle sur le nouveau leader mondial de l’agrochimie. S’il dispose d’une solidité financière jugée suffisante pour pouvoir le faire – son chiffre d’affaires était de 64,7 milliards d’euros en 2017 –, il doit encore démontrer sa capacité à gérer et à développer les activités cédées et jouer réellement son rôle de concurrent. « On ne saurait préjuger de l’issue de cette enquête à ce stade », a souligné Margrethe Vestager.

Ces restrictions n’ont pas suffi à rassurer les détracteurs de la fusion. Le député européen Vert allemand Sven Giegold a condamné, mardi, « une décision toxique pour la démocratie européenne » et une « fusion conduisant à une dangereuse concentration de pouvoir ».

AbL, une association allemande d’agriculteurs indépendants, redoute les conséquences de ce mariage pour les exploitants. « Il va conduire à davantage de dépendance, à une nouvelle réduction de la biodiversité et de la variété des espèces, à une réduction de la concurrence, à un diktat des prix, à une aggravation des problèmes de brevets [sur le vivant] ainsi qu’à la création d’un monopole dans le domaine de l’agriculture numérique, a déclaré le président de l’association, Martin Schulz, agriculteur en Basse-Saxe. A l’avenir, nous n’accepterons pas que les multinationales décident de ce qui arrive dans nos champs et dans nos assiettes. »

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