Animaux La surmortalité chez les abeilles inquiète les apiculteurs

En vingt ans, la production de miel en France a fondu. De 40 000, elle est passée à seulement 12 000 tonnes. Le constat inquiète et les apiculteurs montent au créneau. C'est le cas de Jean-Paul Suc, apiculteur à Saint-Régis-du-Coin (Loire).
Sacha Martinez (sacha.martinez@leprogres.fr) - 02 févr. 2018 à 10:50 | mis à jour le 02 févr. 2018 à 10:50 - Temps de lecture :
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Jean-Paul Suc s’inquiète de voir tant d’abeilles mourir chaque année sans que personne ne réagisse. Photo Sacha MARTINEZ
Jean-Paul Suc s’inquiète de voir tant d’abeilles mourir chaque année sans que personne ne réagisse. Photo Sacha MARTINEZ

« Je n’ai rien à vendre, annonce, d’emblée, Jean-Paul Suc, apiculteur. Si j’ai accepté de parler, c’est uniquement pour les abeilles. » Le visage grave, les traits durs, Jean-Paul n’est pas là pour rire. Il est inquiet. En vingt ans, il a vu son métier changer du tout au tout. La raison ? La qualité de l’environnement se dégrade et les abeilles en pâtissent.

Les pesticides en cause

En vingt ans, la mortalité des abeilles a été multipliée par quatre. Passant de 8 % à 30 %. « Évidemment, les abeilles ont leurs propres pathologies. Nous avons toujours eu des pertes. Mais à ce point, ça devient préoccupant. » Les causes seraient, principalement, d’ordre environnemental. Les conditions climatiques changeantes s’ajoutent à la pollution ambiante. La situation oblige les apiculteurs à renouveler, chaque année, la moitié de leur cheptel. « Nous avons dû nous adapter en créant des élevages artificiels de reines. » Certains apiculteurs se sont même spécialisés dans le domaine. C’est dire.

Pour Jean-Paul, le véritable problème, ce sont les nouveaux pesticides. « Ces pesticides touchent au système nerveux central des abeilles. » Ce qui les empêche de se déplacer. Il reprend : « Elles partent de la ruche à la recherche de pollen et ne retrouvent jamais leur chemin. »

« Si, demain, un agriculteur perd huit vaches sur dix, ça va brasser »

Ces produits originairement dédiés à l’agriculture céréalière se sont répandus comme une traînée de poudre. « Lorsqu’il pleut, les pesticides entrent dans le sol. Ensuite, ils s’évaporent ou coulent dans les rivières. Finalement, tout est pollué. » Et, bien qu’il habite à Saint-Régis-du-Coin, il dit ne pas être épargné par ces problèmes de pollution. Les apiculteurs représentent moins de 0,1 % des agriculteurs français. Leur voix, minoritaire, reste inaudible. « Si, demain, un agriculteur perd huit vaches sur six, ça va brasser. En 2012, nous avons tous perdu huit abeilles sur dix, personne n’a rien dit. »

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30 % En vingt ans, la mortalité chez les abeilles a explosé. Elle est passée de 8 %, dans les années 1990, à 30 % aujourd’hui. Elle a même atteint les 80 % en 2012. Une année record.

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