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« La décision de la France d’autoriser le sulfoxaflor, un insecticide tueur d’abeille, est inquiétante »

Dans une tribune, trois personnalités politiques, dont l’ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho, demandent au gouvernement de s’opposer à la mise sur le marché de l’insecticide tueur d’abeilles.

Publié le 24 octobre 2017 à 06h38, modifié le 24 octobre 2017 à 14h38 Temps de Lecture 6 min.

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Ces molécules « se transforment dans les sols en métabolites qui persistent dans l’environnement, et peuvent se retrouver durablement dans les cours d’eau et les nappes phréatiques » (Ruche d'abeilles noires en Bretagne).

Par Gérard Bapt (ancien député de Haute-Garonne), Delphine Batho (députée PS des Deux-Sèvres, ancienne ministre de l’écologie), Jean-Paul Chanteguet (ancien président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale)

Tribune. Députée et anciens députés à l’origine de la loi française interdisant les néonicotinoïdes, nous nous élevons contre la décision d’autorisation en France d’un nouveau pesticide tueur d’abeilles, le sulfoxaflor.

L’interdiction des néonicotinoïdes est une conquête démocratique. L’article 125 de la loi pour la reconquête de la biodiversité du 8 août 2016 prévoit que l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant une ou plusieurs substances actives de la famille des néonicotinoïdes et de semences traitées avec ces produits est interdite à compter du 1er septembre 2018, et définitivement au plus tard le 1er juillet 2020.

Cette disposition a été arrachée au terme d’un long combat parlementaire. Elle a été adoptée dans un premier temps contre l’avis du gouvernement d’alors. Elle a fait l’objet de cinq lectures à l’Assemblée nationale. Elle a rassemblé par-delà les appartenances partisanes. Elle a été soutenue par la mobilisation de plus de 700 000 citoyens.

Bref, elle constitue une victoire de la démocratie face au poids des lobbies de l’agrochimie, mais aussi de la science, car nous avons fondé nos décisions sur plus de mille études qui établissent de façon implacable les effets hautement toxiques des néonicotinoïdes pour les abeilles et les pollinisateurs, pour l’ensemble des écosystèmes et pour la santé humaine puisqu’il est établi que ces produits ont des « conséquences neurologiques défavorables sur l’être humain ».

Pour convaincre une majorité de nos collègues, nous avons aussi démontré que l’interdiction des néonicotinoïdes est compatible avec la productivité agricole et que les alternatives à l’usage de ces poisons existent.

Une violation par anticipation

Alors que cette loi doit entrer en vigueur dans moins d’un an, l’autorisation du sulfoxaflor par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), le 27 septembre, en constitue une violation par anticipation. Depuis vingt ans, les multinationales qui fabriquent ces substances ont toujours eu recours à la même habileté : chaque fois qu’un produit a été interdit, les firmes sortent du chapeau une nouvelle marque, un nouvel emballage, une nouvelle molécule présentée comme différente des précédentes.

Ainsi, après le Gaucho et le Poncho, il y a eu le Cruiser, le Cruiser OSR, le Férial, l’Actara, le Cheyenne, le Proteus, le Calypso… C’est pour couper court à ce stratagème que nous avions veillé à ce que la loi interdise, non pas tel ou tel produit, telle ou telle molécule, mais bien tous les produits « de la famille des néonicotinoïdes ».

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