CHRONIQUE. La France a finalement cédé sur le dossier des perturbateurs endocriniens (PE). Elle s’est départie de la fermeté qu’elle avait affichée jusqu’ici. Elle a abandonné en rase campagne le Danemark et la Suède, avec lesquels elle luttait, pied à pied, pour un niveau de précaution en matière de santé et d’environnement qui soit simplement en accord avec le droit de l’Union. Contrairement au « storytelling » distillé par le gouvernement, la France n’a obtenu, en signant les critères de définition de ces substances, le 4 juillet à Bruxelles, aucun nouveau progrès, aucune avancée.
Le texte permettra d’identifier les PE seulement « présumés », entend-on claironner. Hélas ! Cette mention est absente des annexes techniques, ce qui la rend juridiquement inexistante. En outre, elle était déjà présente dans la version de mi-mai. Il faut le rappeler et le répéter : le document signé le 4 juillet n’a pas changé d’une virgule par rapport à celui qui était sur la table avant la formation du premier gouvernement d’Edouard Philippe. La France n’a rien obtenu de plus. Elle a capitulé, totalement et complètement.
Le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a assuré que les dérogations accordées par le texte aux pesticides « perturbateurs endocriniens par conception » seront combattues par la France, qui les bannira unilatéralement de son territoire. Mais qui peut croire qu’un gouvernement sabordera la compétitivité de son agriculture en interdisant l’usage de dizaines de pesticides autorisés ailleurs en Europe ? Et qui réalisera le travail gigantesque d’analyse, molécule par molécule, nécessaire à une telle mesure ? Les fonctionnaires déjà surchargés de l’Agence nationale de sécurité sanitaire ? Ce n’est pas sérieux.
Le paravent du jargon technique
Oublions un instant la santé et l’environnement. Car c’est avant tout de démocratie qu’il s’agit. Le texte signé le 4 juillet cache, derrière le paravent de la complexité et du jargon technique, des mesures qui, si elles étaient clairement expliquées aux citoyens, provoqueraient une furieuse indignation. Que pensent ceux qui saisissent, mieux que quiconque, ce dont il retourne ? Dans une déclaration du 7 juillet, l’Endocrine Society, qui rassemble 18 000 chercheurs et cliniciens spécialistes du sujet, se dit « extrêmement préoccupée que les critères échouent à identifier des PE ayant des effets nocifs sur les humains ».
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