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Les craintes de Bruxelles sur le projet de mégafusion Bayer-Monsanto

+ VIDEO. La commissaire à la Concurrence s’inquiète des risques pour le marché de plusieurs rapprochements en cours dans l’agro-industrie.

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Le spécialiste des OGM Monsanto est la cible d’une offre de rachat de l’allemand Bayer.

Par Gabriel Grésillon

Publié le 27 juin 2016 à 19:00

Le projet de rachat de Monsanto par Bayer est encore loin d’être concrétisé mais, déjà, Bruxelles avoue son intention de le regarder de très près. C’est la conclusion qui s’impose à la lecture d’une lettre, que « Les Echos » se sont procurée, dans laquelle Margrethe Vestager, la commissaire à la Concurrence, prévient qu’elle a l’intention de pousser ses équipes à se pencher « très attentivement » sur les grandes manœuvres capitalistiques en cours dans l’agro-industrie. Adressé à deux parlementaires européens, ce courrier est une réponse à la question posée par ces derniers, sous la forme d’une lettre publique.

Martin Häusling et Sven Giegold, les députés verts allemands qui ont pris cette initiative, cherchaient à tirer la sonnette d’alarme sur le projet de fusion entre Bayer et Monsanto qui, selon eux, pourrait nuire aux intérêts des consommateurs et des agriculteurs, en diminuant la concurrence sur un marché déjà concentré. « Je peux vous assurer que mes équipes vont investiguer très attentivement les trois fusions annoncées dans le secteur des semences et des produits agro-chimiques (Dow Chemical-Dupont, ChemChina-Syngenta et Bayer-Monsanto) », écrit la dame de fer de Bruxelles.

Les refus de Monsanto

Dans le cas de Bayer-Monsanto, celle-ci promet de se pencher sur « les effets de la fusion sur les prix, la diversité et l’accessibilité des semences ainsi que la recherche et l’innovation ». Elle prévient toutefois que cela ne préjuge pas du résultat final, qui devra être « strictement » conforme au droit européen.

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Bayer, le chimiste à qui l’on doit notamment l’invention de l’aspirine et qui est incontournable sur les métiers de la santé mais aussi des pesticides, a fait part, en mai, de son intention de racheter le spécialiste des semences OGM. Mais, par deux fois, Monsanto a refusé les avances de l’allemand, qui a mis 62 milliards de dollars sur la table. Parmi les explications de la résistance de Monsanto, les analystes citent une volonté de faire monter les enchères mais aussi des interrogations sur la réaction des régulateurs

Concentration des acteurs mondiaux

Interrogé, le député Sven Giegold voit là le cœur du sujet : « Le marché des semences agricoles est déjà extrêmement concentré », plaide-t-il. « Il est vraiment inquiétant de voir que les agriculteurs sont de plus en plus à la merci des semenciers ».

Le marché des semences agricoles est déjà extrêmement concentré.

D’après une étude commissionnée par son groupe parlementaire, 5 entreprises se partageraient 75% des semences de maïs vendues en Europe, quand elles seraient autant à assurer 95% de celles de légumes, et 4 seulement à fournir 86% des semences de betteraves. Or, si les trois projets de rapprochement étaient validés, le nombre de grands acteurs mondiaux passerait de 6 à 3. « Nous nous attendions à une réponse de Margrethe Vestager, mais pas forcément à quelque chose d’aussi précis, ni à ce message plus global concernant l’état du marché », se réjouit Sven Giegold.

Bayer, de son côté, argue que les activités des deux groupes seraient complémentaires, l’un étant spécialisé dans la chimie et les pesticides, l’autre dans les semences.

Fusion Bayer – Monsanto l’essentiel en chiffres  :

Gabriel Grésillon

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